Qui a racheté SFR ? Comprendre le rachat de SFR
SFR, ces trois lettres blanches sur un carré rouge sont tellement connues du public que l'on oublierait presque que le nom de cette société créée en 1987 signifie Société française du Radiotéléphone. En avril 2014, SFR a été racheté par le groupe Altice qui a depuis donné un nouvel élan aux activités de l'opérateur téléphonique SFR Altice.
Les grandes dates de SFR Altice
En trois décennies, l'histoire de SFR a été marquée par une série de nouveautés offertes aux utilisateurs ainsi que des opérations financières visant à développer les activités de l'entreprise. La Société Française du Radiotéléphone est créée en 1987 à l'initiative de la Compagnie Générale des Eaux. L'entrée de SFR dans le secteur des télécommunications se fait au travers d'une offre concurrente au Radiocom 2000 de France Telecom nommée SFR NMT.
Après l'ouverture du deuxième réseau de GSM (téléphone mobile à la norme 1G), SFR devient le premier opérateur mobile alternatif dès 1992.
En 1996, la Compagnie générale des eaux réorganise ses activités de communication avec la naissance d'un groupe nommé Cegetel, puis SFR-Cegetel.
En 2003, Cegetel fusionne avec Telecom Développement, filiale de la SNCF et devient le plus important opérateur privé de téléphone fixe en France.
Le nom SFR-Cegetel disparaît en raison du rachat de Cegetel par Neuf Telecom. Cette scission est à l'origine de la répartition des activités : mobile pour le groupe SFR et fixe pour Neuf Cegetel.
C'est SFR qui lance en 2006 les premiers services de 3G-3G+ sur le marché français. La même année, SFR compte près de 18 millions de clients et emploie environ 8 000 collaborateurs.
Deux ans plus tard, la croissance de SFR lui permet de devenir actionnaire majoritaire de Neuf Cegetel. En disposant d'offres de téléphonie mobile (2G + 3G) et fixe (ADSL et fibre) SFR est en mesure de s'opposer frontalement à Orange, « enfant » de France Telecom né en 1988. Fin 2008, SFR compte plus de 3,8 millions d'abonnés en 3G.
Lors de l'année 2011, SFR amorce un de ses grands virages. En parallèle de la naissance des premières offres à bas prix Red, Vivendi (ex-Compagnie générale des eaux) rachète les 44 % de parts de SFR possédées par l'opérateur de télécommunications Vodafone. Ce rachat de parts permet à Vivendi de prendre le contrôle total de SFR.
Début septembre 2012, l'activité télécommunications de SFR repose sur 5 millions de clients en fixe ou internet haut débit et 21 millions en téléphonie mobile.
Rachat de SFR : Pourquoi SFR Altice ?
Au printemps 2014 débutent les négociations exclusives entre Vivendi et Altice visant à céder SFR à Altice qui possède déjà l'opérateur Numericable. L'Autorité de la concurrence donne son accord au rachat de SFR et la fusion devient effective fin 2014. Altice gagne ainsi la partie qui l'opposait à Bouygues Telecom sur le rachat de SFR. Début 2015, Altice acquiert les 20% de parts encore possédées par Vivendi, ce qui induit un SFR racheté à 100% par Altice.
En 2016, Numericable-SFR devient SFR Group et se scinde en trois pôles distincts : SFR Telecom, SFR Média, SFR publicité. La même année, SFR, racheté depuis deux ans, se lance dans une gigantesque opération de déploiement d'antennes mobiles. Ces efforts portent leurs fruits puisqu'à la mi-juillet 2017, SFR annonce une couverture 4G de la population de 91%.
Au printemps 2017, Altice fait part de sa volonté de regrouper la majorité de ses activités sous son nom. En octobre, la branche SFR Telecom est renommée SFR Altice. A l'origine, SFR devait devenir Altice en juin 2018, mais ce changement de nom n'est plus d'actualité.
Qui est Altice qui a racheté SFR ?
Créé en 2001 au Luxembourg par Patrick Drahi, le holding Altice s'est rapidement diversifié en Europe, aux États-Unis ainsi qu'en Afrique australe. En France, les activités d'Altice s'articulent autour des activités de télécommunication de SFR et de celles du pôle Média composé de :
- NextRadioTV (RMC, BFMTV)
- Libération
- L'Express
Une douzaine d'autres magazines, dont une partie revendue en 2017.
Coté à la bourse d'Amsterdam (Pays-Bas), Altice a réalisé un chiffre d'affaires de 21 milliards d'euros en 2016 et de 18 milliards d'euros en 2017. Le total des actifs d'Altice représente près de 80 milliards d'euros.
La capitalisation boursière d'Altice fin 2017 n'est que de 9,5 milliards d'euros alors qu'elle était du double en début d'année. L'une des raisons de cette baisse est la crise de confiance du marché boursier en raison d'une dette avoisinant les 50 milliards d'euros.
Cette situation financière difficile explique la reprise en main d'Altice par Patrick Drahi, son fondateur et principal actionnaire avec 60,85%. Quelque peu en retrait ces dernières années, Patrick Drahi a annoncé son retour à la présidence du directoire d'Altice en novembre 2017 et a aussitôt redistribué les rôles au sein des diverses branches du holding.
Qui est Patrick Drahi ?
Fils de deux professeurs, Patrick Drahi est né en août 1963 à Casablanca (Maroc). Résident suisse depuis 1999, Patrick Drahi dispose de trois nationalités : française, portugaise et israélienne. Le magazine Forbes le classe comme 5e fortune française et 92e mondiale.
Après avoir été diplômé de l'École nationale supérieure des télécommunications, Patrick Drahi travaille durant 5 ans chez Phillips avant de rejoindre la société d'investissement suédoise Kinnevek. Patrick Drahi se lance dans le câble dès 1994 en tant que câblo-opérateur dans le Vaucluse.
Un an après avoir créé le fonds d'investissement Altice, Patrick Drahi accentue son leadership dans le secteur du câble en rachetant entre autres Numericable, France Telecom Câble, Noos, TDF Câble. Altice possède ainsi 99 % du câble seulement 4 ans après sa création.
C'est le rachat de SFR en 2014 qui propulse Patrick Drahi sous les projecteurs de l'actualité alors qu'il est encore peu connu du grand public.
SFR racheté : la stratégie de SFR Altice pour séduire le public
Dans l'immédiat, Altice qui a racheté SFR doit remédier au départ d'une partie de sa clientèle tant dans le domaine du fixe que du mobile. Pour une bonne partie, cette relative défiance tient aux résultats financiers plus que mitigés du groupe SFR. Si pendant un temps, l'une des stratégies évoquées pour partir à la reconquête des clients était le changement de nom de SFR, cette idée a depuis été abandonnée.
Une première étape est le désendettement de SFR
Pour Patrick Drahi, redonner confiance aux actionnaires et aux clients passe par le désendettement rapide de SFR racheté en 2014. L'option parfois évoquée de la fusion acquisition avec un autre opérateur a été clairement écartée.
Altice a d'ores et déjà établi des contacts afin de vendre des actifs identifiés comme n'étant pas stratégiques. Figure parmi ces actifs un certain nombre d'antennes-relais pour une valeur approximative de 5 milliards d'euros. La cession d'une partie des 18 000 pylônes ne devrait pas nuire à la qualité de la couverture grâce à des contrats conclus avec les futurs acheteurs.
Un câblage de la France en partenariat avec Orange ?
Dans sa vision d'un retour aux fondamentaux, Altice envisage d'accentuer sa présence dans la fibre en devenant le seul câbloopérateur en France. L'Arcep, le régulateur du secteur des communications, a d'ores et déjà fait part de son opposition à cet éventuel monopole. En revanche, la mise en œuvre du câble dans les zones moyennement denses, soit environ 3,5 millions de foyers, pourrait voir le jour.
En rentrant dans l'optique gouvernementale d'un très haut débit disponible pour le très grand nombre, Altice a de grandes chances de pouvoir se relancer au travers d'un projet aussi porteur financièrement qu'en termes d'image auprès des consommateurs. L'opérateur Orange s'est dit pour sa part intéressé par cette idée en étant prêt à entamer le dialogue sur ce point précis.
Dans l'hypothèse d'un accord, Altice bénéficierait du poids de l'héritier de France Telecom sur les négociations avec l'Arcep.
Des offres remodelées pour séduire les consommateurs
En parallèle de ces « grandes manœuvres », Altice va sans trop de doutes opérer une profonde refonte des offres SFR. Si techniquement SFR est au niveau de la concurrence, l'image renvoyée par ses offres apparaît aujourd'hui quelque peu « vieillotte » avec un certain manque de dynamisme.
En intégrant des contenus plus étoffés dans la partie box et celle mobile, SFR a ainsi toutes les chances de remonter la pente descendante actuelle.
Quels que soient les choix, l'année 2018 se présente comme celle d'un nouveau départ pour SFR. Il s'agit d'un nouveau défi pour Patrick Drahi, ce qui ne manquera pas de lui plaire.